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Le christianisme est-il raisonnable? Print Email
Saturday, 17 January 2009 00:00
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Le christianisme est-il raisonnable?

By Archbishop George Khodr, Orthodox Christian Metropolitan of Mount Lebanon

 

Il n'est pas de mon propos de comparer les religions, ni d'établir des préférences entre elles, ni d'en définir leur nature. Il ne s'agit pas de savoir si elles peuvent se résumer en un nombre de lois, de commandements ou de tabous. En fait, le christianisme n'est rien de tout cela, bien qu'il faille parler de son organisation, qui aux yeux des hommes, leur permet de régler certaines de leurs affaires. Cependant, son essence est toute autre. Elle est toute entière, même dans ses dogmes, centrée sur et dans l'amour. Elle est un mouvement divin dans le cœur des hommes qui les oriente à aimer leurs frères. En cela, le christianisme ne ressemble à rien d'autre.
Quand nous disons que Dieu est Amour, il est évident qu'une telle affirmation ne suppose aucune numérotation. Comme l'a dit l'Imam Ali : 'Qui quantifie Dieu le limite'. La notion de nombre ne s'applique donc pas à Lui. Dire qu'Il est un, en opposition à la dualité, c'est le quantifier. C'est le quantifier aussi que de dire qu'Il a trois modes d'existence. Il ne s'agit pas là d'arithmétique. L'unicité de Dieu n'est pas affaire de numérotation. Dans son contexte, elle nous permet d'entrevoir des attributs de Dieu, non Son essence. Cette essence apparaît à travers Ses œuvres, dont le dénominateur commun est l'amour.
Le Mystère de l'Eucharistie, c'est-à-dire la communion à la même Coupe, chaque dimanche, est l'une des expressions de cet amour. Il a été écrit de nombreux ouvrages théologiques sur ce sacrement. Il a été l'objet de beaucoup de polémiques et il continue de l'être. Mais en fait, il n'est que l'effusion du sacrifice que le Christ offre au Père, auquel nous sommes conviés à participer. Par lui, nous nous incorporons à la vie qui s'est répandue sur l'univers à partir du Golgotha, pour pouvoir exister par l'accueil de l'amour dont Dieu nous a aimés. Cette communion est certes accompagnée d'hymnes et de lectures de l'Ecriture. Mais, l'essence du sacrement consiste dans l'accueil de l'amour divin qui nous y est donné et dans notre réponse par l'obéissance aux commandements.
J'ai affirmé souvent que Pâques, qui est 'la fête des fêtes, la solennité des solennités', est notre seule vraie fête, car en elle le Christ a vaincu la mort. Toutes les autres fêtes ne sont que pour nous mieux faire aborder le mystère de cette victoire. Nos fêtes sont autant d'images de l'amour.
Celui qui aime donne son amour en totalité à l'aimé, quand celui-ci réalise qu'il est aimé. Dieu nous convie à réaliser que nous sommes aimés et nous invite à en témoigner. Tout le message du Christ est dans cette démarche. Nous avons certes besoin d'enseignements. Mais, ils n'ont d'autre but réel que de nous faire comprendre que nous devons entrer dans la chambre nuptiale que Dieu nous a préparés. Tout ce qui ne parle pas de cette rencontre entre Dieu et les humains, n'est que bavardage. Certains d'entre nous ne peuvent concevoir cette vision, car leur âme est enténébrée et leur cœur insensible, incapable d'accueillir la lumière divine.
La lumière ne peut venir que de la lumière. Celui qui sait qu'il est aimé ne peut que refléter cet amour et le transmettre. C'est pour cela qu'immédiatement après le commandement d'aimer Dieu vient celui d'aimer son prochain comme soi-même. Comment sommes-nous capables d'aimer ceux qui nous font du tort ? Prenant conscience que nous sommes les aimés de Dieu, nous ne pouvons qu'aimer les autres du même amour que le Seigneur a envers nous. Tout ce qui n'est pas au niveau de cet amour est affaire de procédure. Toute procédure présuppose de juger les autres sur cette terre à partir des lois instituées par les humains. Juger quelqu'un, c'est le considérer un inférieur ou un antagoniste. Il s'agit donc de lui reprendre par la force de la loi ce que je considère mien.
Il n'y a pas de procédures dans le Royaume de l'amour. Dans le monde du péché, référence est faite aux tribunaux quand l'amour exprimé n'est pas payé de retour. L'argent, les droits et la propriété sont omniprésents dans ce monde. Ils sont régis par des hommes monde, dont certains habitent aussi le monde du péché. Il n'est pas loisible de fuir le siècle présent. Pourtant, je vous convie à le faire, et dans le Christ Jésus, à m'accompagner dans le Royaume à venir. Je voudrais vous pousser de toutes mes forces à y entrer. Je prie intensément pour que le plus grand nombre accepte mon invite. Il peut vous arriver de haïr ce Royaume à venir, car il peut menacer vos intérêts. Dans ce monde, le conflit est permanent entre le désir de Dieu et l'attrait des passions. Le choix est vôtre.
Les gens nous interpellent souvent en disant : 'comment vivre selon l'Evangile ? Si nous ne mentons pas dans nos affaires, si nous n'y louvoyons pas, si nous ne volons guère, nous ne pourrons assurer notre subsistance'. Heureusement, ces excuses ne sont pas toujours vraies et toutes les institutions ne sont pas véreuses. J'en connais plus d'un qui se suffisent de leurs salaires et optent pour l'esprit divin, quand cet esprit entre en opposition avec leur travail, au risque de perdre celui-ci. A une jeune fille qui me disait que son patron lui faisait des avances, accompagnées de menaces de la répudier, si elle n'y répondait, je n'ai pas hésité à lui conseiller de quitter son travail, plutôt que de se soumettre. Dans la vie, il y a des décisions à prendre nécessitant beaucoup de détermination et de fermeté , afin de continuer à demeurer en et avec Dieu, et maintenir la relation d'amour qui nous lie. Il s'agit de bien comprendre l'intention de Paul, quand il dit : 'Ce n'est pas moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi'.
Parvenir à ce niveau de relation avec Dieu, c'est se distancer du monde du mal. C'est être horripilé que ce monde s'infiltre dans notre âme, après l'avoir habituée à la paix donnée par le comportement divin. Le péché est toujours attrayant et il a souvent une attirance magique. Cependant, il n'y a de plus grand mensonge que dans le péché. Il nous fait entrevoir des plaisirs que nous ne tardons pas à découvrir éphémères et amers. Le péché a des fruits amers parce qu'avant d'y tomber, il nous fait miroiter des rêves qui ne se réalisent guère. Seul l'amour divin est la force qui ne déçoit pas, car Dieu nous propose seulement ce qui est pour notre bien.
L'homme est très fragile face à la tentation. Le seul moyen de mettre un frein à ses passions est de dompter sa volonté. Notre littérature ascétique abonde dans la description des passions diverses qui s'attaquent à l'homme. Mais, on trouve rarement en Orient ce qui peut aider à dompter la volonté. On y apprend à fuir le péché. Mais, l'affronter exige une bonne connaissance de la volonté de Dieu et de Sa Parole exprimée dans les Ecritures, pour en faire un bouclier, un casque et un glaive, comme l'écrit l'Apôtre Paul. Aimer le bien et s'y ancrer, crée une sorte d'espérance. Le bien devient alors comme un bastion protégeant des attaques du Malin. Cependant, nombreux sont ceux qui n'aiment pas ce que Dieu appelle bien, lui préférant ce qu'Il considère comme un mal. D'aucuns se complaisent dans l'avarice, la haine et le mensonge. Ils recherchent les occasions de péchés. Il leur est très difficile de remplacer cet amour par un autre, car l'édifice élevé par leurs soins dans leur âme pour y abriter leurs péchés, risquerait de s'effondrer. Et ceux-là, après une longue alliance avec le péché, viennent demander comment trouver la voie du salut !
Après un long compagnonnage avec le mal, la repentance devient difficile, ainsi que la confiance dans le salut. Le péché est devenu comme partie intégrante du pécheur et l'empêche d'admettre que l'approche de l'amour divin apporte vraiment le salut et peut être d'un secours durable, probablement toute la vie durant.
Nous lisons, dans le Sermon sur la montagne :'Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez certainement pas dans le Royaume des cieux' (Mat, 5, 20).
Pour Jésus de Nazareth, l'essentiel n'est pas de se contenter d'apparences de religion, basées sur des préceptes ou des consignes de prière, de jeûne, de lecture de la Parole divine et d'autres célébrations, mais de recevoir Dieu dans notre cœur.
Puis, on y lit : 'Vous avez appris qu'il a été dit 'œil pour œil et dent pour dent'. Et bien, moi je vous dis de ne pas tenir tête au méchant. Au contraire, quelqu'un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l'autre' (Mat, 5, 38-39). La règle 'œil pour œil et dent pour dent' représentait alors une amélioration des mœurs, basées autrefois exclusivement sur la vengeance. D'ailleurs, elle est toujours ancrée dans les codes juridiques. Or, il ne s'agit point, ici, d'annuler des lois qui régissent les relations entre les hommes et renforcent l'Etat, auquel nous devons être soumis. La vraie question est de savoir comment passer d'un monde procédurier au Royaume divin. La réponse, nous la trouvons dans ce que nous a dit le Seigneur : 'Aimez vos ennemis. Priez pour ceux qui vous oppriment. Vous serez alors les fils de votre Père qui est dans les cieux'. Ceci implique d'avoir mis un terme à la logique de la punition, d'être déjà entré dans le Royaume de l'égalité entre tous les enfants de Dieu, les bons comme les mauvais. Il nous sera possible de mieux comprendre cela dans la mesure où nous réalisons que la miséricorde divine s'adresse à tous les humains. Le christianisme, compris de la sorte, est certes raisonnable.

Published Saturday January 17, 2009 in the © An-Nahar, Lebanese news paper. Translated from original Arabic.

 

 
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